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Fabuloscope

L'Odyssée 1er épisode D'après Homère Epopée

L'Odyssée 1er épisode

D'après Homère

Epopée

Résumé

Les Kikones, les Lotophages, le Cyclope

Public

Grands enfants, Ados, Adultes

Dates des narrations

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L'Odyssée 1er épisode

Troie est en cendres. Les chefs de l'armée grecque n'en finissent pas de fêter la victoire. Ils organisent d'énormes banquets, des repas bien arrosés.
Ulysse, lui, ne songe qu'à rentrer chez lui, à Ithaque, son île, revoir sa maison, ses troupeaux, sa femme surtout, la sage Pénélope, et son fils qu'il a quitté voici dix ans. C'était alors un tout petit enfant dans les bras de sa mère.
Sans s'attarder en festins et en beuveries, il fait charger ses douze navires avec le butin de guerre et les provisions et il reprend la mer. De Troie à Ithaque la route est longue. Au lieu de naviguer en ligne droite, dans la haute mer, il vaut mieux longer les côtes pour se ravitailler en cours de route.

A la première escale, ils accostent au pays des Kikones. Les soldats d'Ulysse mettent les habitants en fuite et se servent sans vergogne de leurs moutons et de leurs boeufs et vident leurs caves. Ulysse veut mettre fin à ce pillage, mais la plupart de ses hommes sont déjà saouls. Les Kikones reviennent alors en force, aidés par leurs voisins. Ulysse rassemble ses troupes à la hâte et se dépêche de rembarquer. Mais une douzaine d'hommes ivres-morts ne peuvent s'enfuir et se font massacrer.

Pendant neuf jours un vent violent ainsi que des courants poussent les navires en pleine mer. Au dixième jour seulement, ils approchent d'une terre. Méfiant, Ulysse n'y envoie qu'un petit groupe d'hommes, tandis qu'il reste à observer sur le pont de son navire. L'accueil semble excellent. Les habitants de ce pays offrent aux soldats des sortes de feuillage. Par des signes, ils les invitent à en manger. D'ailleurs, ils en mangent eux-mêmes. Ca a l'air délicieux. Les envoyés s'attardent si longtemps qu'Ulysse vient les chercher. Il les trouve hébétés. Ils ne le reconnaissent même plus, ne se souviennent plus qu'ils doivent regagner leur patrie. Ils supplient qu'on les laisse là à mâcher des lotus. Ulysse doit les traîner de force pour les faire remonter à bord, et s'éloigner du pays des Lotophages, ces mangeurs de la plante d'oubli.

Au soir d'un autre jour, ils aperçoivent une terre accueillante : des collines rocheuses semblables à celles d'Ithaque, un troupeau de chèvres, une fumée qui s'élève. Ulysse donne l'ordre de jeter l'ancre à bonne distance du rivage. Au matin, devenu méfiant, il débarque avec douze hommes seulement. Il emporte une outre de vin pour offrir à leur hôte s'il en trouve un qui les accueille.
Sur le plateau qui domine la plage, ils aperçoivent une vaste grotte avec, de part et d'autre, des enclos où se trouvent des brebis et de tout jeunes agneaux.
Ils entrent dans la grotte. Tout autour sont disposées des claies où sèchent des fromages. Au fond de la grotte il y a une grande litière de paille : l'étable des troupeaux. Des cendres fument encore. Mais il n'y a personne. Le berger est sûrement dans la montagne avec ses chèvres et ses moutons.

Bientôt le maître de la caverne arrive. C'est un géant au visage affreux couvert d'une barbe hirsute, avec un oeil unique au milieu du front, un air féroce. Terrorisés, Ulysse et ses compagnons s'enfuient au fond de la caverne. Ils osent à peine respirer.
Le géant les aperçoit. Alors Ulysse rassemble son courage, s'avance et lui dit :
-- Seigneur géant, je t'en supplie, accueille-nous selon les lois de l'hospitalité!
-- L'hospitalité!...C'est le moindre de mes soucis. Tu ne sais donc pas que tu es ici au pays des Cyclopes?...Mais d'où viens-tu, freluquet?
-- Je viens de Troie. Nous rentrons dans notre pays. Mais la tempête nous a fait dévier de notre route et maintenant nous errons au hasard sur la mer.

Le Cyclope se met à traire ses brebis, puis il pousse une pierre énorme devant l'entrée de la caverne . Les Grecs sont prisonniers du Cyclope.
Sans un mot, le monstre saisit deux hommes au hasard, leur fracasse la tête contre un rocher et les dévore tout crus. Les compagnons détournent la tête à ce spectacle d'horreur. Ensuite , repu, le Cyclope s'allonge sur sa litière de feuilles et s'endort. Les hommes, eux, ne peuvent pas dormir : ils pensent à l'horrible sort qui les attend.

A l'aube, le Cyclope allume le feu pour éclairer la caverne et il trait ses brebis et ses chèvres. Puis il attrape deux des marins, les assomme comme la veille puis les dévore pour son déjeuner. Ensuite il entrouvre la caverne, fait sortir son troupeau et referme l'entrée avec l'énorme pierre.
Les malheureux compagnons sont glacés d'effroi : être engloutis dans les entrailles de ce monstre, quelle horreur! Que ne sont-ils morts à la guerre!
Ulysse pense d'abord à planter son épée dans le coeur du Cyclope lorsqu'à la nuit il dormira. Mais alors, trop faibles même à eux tous pour déplacer la pierre, ils ne pourront jamais sortir de la caverne.
Une autre idée germe dans le cerveau d'Ulysse, jamais à cours de ruses. Il demande à ses hommes de chercher un solide piquet de bois. L'un d'eux trouve le tronc d'un jeune olivier encore vert. Ulysse le taille en pointe, puis il le glisse dans les tisons encore brûlants pour en durcir la pointe. Il le cache sous du fumier au fond de la grotte. Il explique à ses compagnons :
-- Lorsque le Cyclope dormira, vous m'aiderez à enfoncer cet épieu dans son oeil pour le rendre aveugle.

En fin d'après-midi le Cyclope rentre avec ses bêtes. Cette fois il fait entrer les béliers aussi.
Il massacre encore deux hommes et commence à les dévorer. Ulysse s'approche et lui offre une coupe de vin.
-- Prends! C'est un présent que je voulais offrir à mon hôte. Goûte à ce vin que nous buvons nous autres, humains.
Le Cyclope boit d'un trait.
-- Verse-m'en encore une coupe!
Il en redemande encore et encore. Exactement comme Ulysse l'avait espéré.
-- Je n'ai jamais rien bu d'aussi bon. Mais, dis-moi, quel est ton nom, toi qui possèdes une boisson pareille?
-- Je vais te dire mon nom. On m'appelle Personne. Mais toi, quel présent vas-tu me faire en échange du vin?
-- Mon cadeau le voici : je te mangerai le dernier.

Sur ce, il tombe endormi. Ulysse fait signe aux quatre compagnons qu'il a choisis. Ils remettent l'épieu au feu et lorsque la pointe est rouge, ils le plantent dans l'oeil du Cyclope et le tournent longuement. Le bois brûlant pénètre dans l'oeil avec un sifflement. Un flot de sang jaillit. Le Cyclope hurle. Ulysse et ses hommes s'enfuient dans un coin de la grotte. Le Cyclope arrache l'épieu de son oeil. Il crie si fort que les autres Cyclopes, ses voisins, accourent à l'entrée de la grotte.
-- Qu'est-ce qui t'arrive, Polyphème? Quelqu'un veut te tuer?
-- C'est Personne qui me tue!
Alors les Cyclopes s'éloignent : si c'est personne, ils n'y peuvent rien.
Le Cyclope, fou de douleur et de colère, cherche les hommes à tâtons, mais ils se dérobent dès qu'il approche.

Au matin, les moutons se mettent à bêler à l'heure où ils sortent d'habitude. Le Cyclope déplace le rocher ne laissant qu'un tout petit passage et il s'assied à l'entrée pour empêcher les hommes de passer.
Ulysse, l'homme aux mille ruses, a tout prévu. Il a attaché les six compagnons qui lui restent sous le ventre des plus gros béliers du troupeau. Le Cyclope tâte le dos des bêtes à mesure qu'elles sortent pour s'assurer que les hommes ne s'enfuient pas à califourchon sur le dos des moutons. Mais il ne pense pas à tâter sous le ventre des bêtes. Ulysse, lui, se cramponne du mieux qu'il peut à la laine du plus gros bélier . Et il sort le dernier.
Lorsqu'ils sont à une petite distance de la caverne, Ulysse détache ses compagnons. Ils poussent quelques moutons vers le bateau, pour le ravitaillement.

Au moment de monter à bord, Ulysse crie au Cyclope :
-- Merci pour ton hospitalité, Cyclope!...Tu as eu ta récompense!
Fou de rage, le Cyclope arrache la cime d'une montagne et la lance en direction du navire. Elle tombe tout près du bateau et manque de le faire chavirer.
Mais Ulysse n'a pas encore fini de crier sa rancune :
-- Eh! Cyclope! Si on te demande qui t'a crevé l'oeil, tu diras que c'est Ulysse, oui, Ulysse, le roi d'Ithaque.
-- Maudis sois-tu, Ulysse!
Polyphème s'adresse alors au dieu de la mer, Poséidon :
-- S'il est vrai que tu es mon père, venge-moi. Fais que cet Ulysse subisse encore bien des souffrances!
Ulysse et ses compagnons rejoignent les autres navires. Ils pleurent leurs compagnons perdus.
Le lendemain, ils reprennent la mer dès la pointe du jour.