Légende de Io. Les yeux d'Argos Mythologie grecque
Légende de Io. Les yeux d'Argos
Texte réécrit
Mythologie grecque
Thème
Métamorphose
Résumé
Pour séduire Io à l'insu de son épouse, Zeus entoure la jeune fille d'une nuée toute noire. Héra, soupçonnant une nouvelle incartade de son époux, descend sur terre. Zeus se dépêche de métamorphoser Io en une génisse toute blanche. Mais Héra n'est pas dupe, elle demande à Zeus de lui donner la génisse et la confie à Argos. Argos aux cent yeux fait bonne garde. Io pousse des mugissements pitoyables qui émeuvent Zeus. Il envoie alors son fils Hermès pour délivrer Io. Grâce à sa flûte, Hermès arrive à endormir Argos et à le tuer. Furieuse, Héra arrache les yeux d'Argos et les jette sur la queue du paon. Puis elle glisse un taon dans le pelage de la génisse. Les piqûres de l'insecte la rendent folle. Elle court en tous sens, traverse tous les pays jusqu'à ce que Zeus demande à Héra de mettre fin au supplice de Io. Io retrouve sa forme humaine et est honorée partout où elle est passée.
Notes
Sources : Ovide Les métamorphoses livre 1
Edith Hamilton : La mythologie
Jacques Lacarière
Public
Enfants, Ados, Adultes
Dates des narrations
- 03/12/2018 - CM1 classe de Sarah école 236 rue de Belleville
- 09/04/2018 - Classe de Joïlita Sauzéat école 236 rue de Belleville
- 26/03/2018 - Classe de CM2 Marion Freyssinet 236 rue de Belleville
- 09/05/2011 - Classe de CM2 Antonella école Eugénie Cotton
- 18/03/2008 - Classe de CM2 Antonella école Eugénie Cotton
- 16/10/2005 - Lire en fête à Nemours
Légende de Io. Les yeux d'Argos
Zeus était fatigué de l'immuable beauté des déesses de l'Olympe, de sa femme en particulier. La monotonie lui pesait. Il était irrésistiblement attiré par la grâce éphémère des jeunes filles sur la terre des mortels.
Cette fois, c'est sur Io, la fille du fleuve Inachos qu'il jette son dévolu.
--- Viens sous les ombrages, lui dit-il. N'aie pas peur. Tu as affaire à un dieu, le plus puissant des dieux.
Io ne l'écoute pas. Elle s'enfuit, effarouchée.
Zeus imagine alors une ruse pour l'empêcher de fuir : il enveloppe la jeune fille d'une nuée toute noire. Mais Héra surveille son mari du haut de l'Olympe. Quand elle aperçoit ce petit nuage noir dans le ciel d'azur, en plein midi, elle soupçonne son époux de cacher ainsi une jeune fille et elle se dépêche de descendre sur terre.
Zeus n'a que le temps de transformer Io en une génisse toute blanche.
--- A qui appartient cette génisse? demande Héra, l'air de ne se douter de rien.
--- Elle est née de la terre, répond Zeus qui ne sait quel mensonge inventer.
Evidemment, Héra trouve que cette réponse ne tient pas debout.
--- Elle est bien belle! Confie - la moi, veux-tu?
Zeus n'a pas envie de livrer Io à son épouse légitime. Mais ne pas céder serait suspect. La crainte d'une scène de ménage est plus grande que son amour pour Io, car quand Héra est en colère elle devient terrible. Il laisse donc à Héra la gracieuse Io transformée en génisse. Seulement Héra n'est pas dupe. Elle confie la génisse à un gardien redoutable, Argos.
Argos est un géant aux cent yeux disposés tout autour de la tête. Quand la moitié des yeux dort, l'autre moitié des yeux veille. Impossible d'échapper à sa vigilance.
Argos est un géant aux cent yeux disposés tout autour de la tête. Quand la moitié des yeux dort, l'autre moitié veille. Impossible d'échapper à sa vigilance. Argos laisse paître la génisse pendant le jour. Voici la jeune fille réduite à brouter l'herbe. Pendant la nuit, Argos l'attache l'enferme à l'étable.
Lorsqu'elle s'abreuve au fleuve Inachos et qu'elle aperçoit son image, son mufle, ses cornes, elle se détourne. Ignorant le sortilège,son père, Inachos, admire cette belle génisse. Il lui offre l'herbe la plus tendre. Elle le regarde, les yeux humides. Elle voudrait parler, lui révéler le secret de la métamorphose qu'Héra lui a infligée, mais ce ne sont que des beuglements qui sortent de sa gorge. De son sabot, elle trace dans la poussière ces mots : "Je suis Io, ta fille".
Cela n'a pas échappé à Argos. Il entraîne Io loin de son père. La génisse pousse des gémissements pitoyables.
Zeus a pitié. Il décide de soustraire Io à la surveillance de son terrible gardien. Il appelle Hermès, son fils, et le charge de tuer Argos. Hermès, le messager fringant, chausse aussitôt ses sandales ailées, son pétase à larges bords et s'élance sur la terre. Là, il se déguise en berger et se met à jouer de la syrinx comme pour lui-même, mais assez près d'Argos.
Justement Argos s'ennuyait.
--- Viens t'asseoir plus près de moi, lui dit Argos, ravi d'avoir de la compagnie. Continue, je t'en prie!
Hermès ne se fait pas prier. Il joue un air, puis un autre et encore un autre. Déjà les paupières d'Argos s'alourdissent sur la moitié des yeux qui veillent. Argos s'efforce de lutter contre le sommeil :
--- Raconte-moi d'où te vient cet instrument merveilleux.
Hermès s'apprête à lui raconter comment est née la flûte de Pan, cette flûte de roseaux joints par de la cire d'abeilles. Mais sous l'effet de la flûte ou grâce au pouvoir d'Hermès, les cent yeux d'Argos se ferment un à un jusqu'au dernier. Sa tête s'incline. Alors Hermès la frappe d'un poignard qu'il sort de son habit. La tête roule en bas du rocher où Argos était assis.
Certes, Io est débarrassée de son gardien. Mais Héra a tout vu. Elle descend de l'Olympe, folle de rage. Elle arrache tous les yeux de la tête d'Argos et les jette un à un sur la queue de son oiseau favori, le paon. Depuis, chaque fois que le mâle déplie sa queue pour faire la roue, on peut voir miroiter les cent yeux d'Argos.
La fureur de la déesse se tourne ensuite contre la malheureuse Io. Héra attrape un taon et le glisse dans le pelage de la génisse. Piquée de toutes parts, Io se met à courir en mugissant. Elle se frotte contre les arbres, contre les rochers, mais rien ne peut faire partir l'insecte. Exaspérée par les piqûres du taon, elle fuit de tous côtés. Elle s'élance à travers le monde dans toutes les directions.
A la fin de cette course folle, exténuée, elle tombe à genoux, lève son mufle vers le ciel, implorant la pitié par des mugissements lamentables.
Zeus l'entend. Il supplie son épouse de faire cesser les souffrances de la pauvre Io. Il lui jure par les divinités du Styx, de renoncer à Io à tout jamais. Apaisée par ce serment, Héra met fin au supplice de Io.
Aussitôt, les poils tombent du corps de la génisse, ses cornes disparaissent. Elle se redresse sur deux jambes. Ses sabots sont remplacés par des pieds gracieux. Ses bras et ses mains reparaissent. Son mufle s'estompe et fait place au visage de la jeune fille. De la génisse il ne lui reste que l'éclatante blancheur.
Io retrouve l'usage de la parole et reprend sa place de femme.
Elle met au monde Epaphos, le fils engendré par Zeus.
Désormais elle vit heureuse et honorée. Partout où elle est passée durant sa course folle, on lui rend hommage. A l'ouest, la mer Ionienne a pris son nom. Le Bosphore rappelle son passage chez les Scythes dans le Caucase. On la célèbre chez les Phéniciens, les Mèdes, les Perses et jusqu'aux Indes où elle est devenue sacrée. A son retour elle a traversé des déserts vers l'Ethiopie et enfin en Egypte aux sources du Nil. Partout on lui voue un culte. Dans tous ces pays on la vénérait comme une déesse.