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Fabuloscope

Phaéton Conte réécrit d'après Edith Hamilton et Ovide Conte mythologique

Phaéton

Conte réécrit d'après Edith Hamilton et Ovide Les Métamorphoses Livre 1 et 2

Conte mythologique

Thème

Le rêve de puissance d'un adolescent : prendre la place de son père sur le char du soleil, rêve qui se solde par la mort et par des dommages catastrophiques sur terre.

Résumé

Phaéton se rend au palais du soleil (Hélios), son père. Hélios lui accorde une grâce de son choix en jurant sur le Styx. Phaéton demande la permission de conduire son char tiré par les chevaux du soleil. Bien qu'Hélios tente de dissuader son fils par tous les moyens il est finalement obligé de céder à cause de son serment. Les chevaux du soleil s'aperçoivent du changement de l'aurige et ne reconnaissent plus la main de leur maître, ils se détournent de leur route habituelle, montent tantôt trop haut laissant la terre gelée et descendent tantôt trop bas tarissant les rivières et brûlant les montagnes. A la demande de la Terre, Jupiter foudroie Phaéton afin de mettre un terme aux bouleversements que provoque l'adolescent.

Public

Grands enfants, Ados, Adultes

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Date de narration

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Phaéton

Lorsque Phaéton interrogeait sa mère, Clymène : "Qui est mon père?", elle lui répondait : "C'est Hélios, le Soleil, le dieu qui apporte la lumière et la vie sur la terre." L'enfant tentait de voir son père en observant la course du soleil à travers l'espace. Mais Phaéton ne pouvait pas le voir car depuis la terre, personne ne peut regarder un dieu en face. L'enfant était fier d'être le fils d'un dieu. Il s'en vantait auprès de ses camarades. Mais ceux-ci ne le croyaient pas et se moquaient de lui. Quelles preuves pouvait-il apporter à ses camarades?

Devenu adolescent, il décida d'aller trouver le soleil en son palais. Le chemin était difficile, la chaleur insupportable aux abords du palais, les flots de lumière l'éblouissaient. Mais, bien résolu, il alla jusqu'au trône d'or du Soleil. Lorsque le Soleil l'aperçut il déposa sa couronne de lumière afin que le jeune homme puisse le regarder sans être aveuglé.
-- Approche-toi. N'aie pas peur!...Qu'est-ce qui t'amène ici? demanda-t-il.
-- Je veux savoir si tu es réellement mon père, comme le dit ma mère.
-- Oui, je suis ton père. Ta mère dit vrai. Tu peux te fier à elle et tu as ma parole aussi. Afin que tu ne doutes pas de ma parole, je vais t'en donner une preuve. Fais un voeu. Quel qu'il soit, j'en jure par le Styx, le fleuve du serment, je te l'accorderai.
Phaéton avait souvent rêvé de conduire le char du Soleil à la place de son père.

Puisque ce souhait pouvait être réalisé, Phaéton s'écria :
-- Je voudrais conduire ton char, père! Il y eut un long silence. Le Soleil fixait la terre de son regard, le visage consterné.
Sans comprendre, Phaéton insista :
-- Juste un jour, un seul, je t'en supplie!
Le Soleil s'était engagé par un serment solennel, il ne pouvait renier sa promesse. Il essaya alors de le dissuader :
-- Ecoute, mon enfant. J'ai parlé inconsidérément. Tu es mon fils mais tu es aussi celui de Clymène, ta mère. Cette femme est une simple mortelle, par conséquent tu l'es aussi. Nul mortel ne peut conduire mon char, ni même un dieu, pas même Jupiter, le roi des dieux. Il faut constamment contenir la fougue des chevaux, c'est une lutte de tous les instants. L'ascension est vertigineuse, la trajectoire s'élève à partir de la mer en une pente si raide que les chevaux peinent à la gravir. Mais le pire c'est la descente. Elle est si précipitée que je parviens difficilement à éviter la chute. Toi, si jeune, tu ne pourrais contrôler les chevaux... Epargne-moi, mon fils, la responsabilité d'une catastrophe dont tu ne peux imaginer les conséquences. Renonce à ce voeu. Regarde tous les biens que t'offre le monde. Choisis celui que tu désires et il t'appartiendra. Tu veux avoir le gage que je suis ton père? Le souci que j'ai de toi ne le prouve pas assez?

Mais rien ne pouvait convaincre Phaéton à renoncer. Il se voyait déjà sur le char, conduisant les chevaux du Soleil. Il n'avait pas un doute au sujet de ses forces.
Voyant que le jeune homme ne renonçait pas, le Soleil n'essaya plus de le dissuader :
-- Au moins suis mes conseils : tiens les rênes fermement. Retiens l'élan des chevaux. Suis une route qui décrit une large courbe et qui évite le pôle nord aussi bien que le pôle sud. Ne descends pas trop bas, ne monte pas trop haut afin de répartir également la chaleur entre le ciel et la terre... Enfin, que le destin te soit favorable!

Déjà l'Aurore aux doigts de rose empourprait l'horizon. Le moment du départ était arrivé. L'attelage aux quatre chevaux était prêt. Heureux et fier, Phaéton s'installa sur le char. De la main il fit ses adieux à son père. Le Soleil détourna son visage pour cacher ses larmes.
S'aidant de leurs ailes, les chevaux s'élancèrent, piétinant les nuages de leurs sabots d'or, soufflant le feu par la bouche et les naseaux. Pendant quelques secondes Phaéton se sentit ivre de fierté, arraché de la terre à travers l'espace plus vite que le vent. Mais les chevaux ne sentaient pas la poigne puissante qui les bridait habituellement. L'attelage était trop léger, ils ne reconnaissaient pas la présence de leur maître. Privé d'un lest suffisant, le char tanguait dans tous les sens.
Phaéton ne parvenait pas à les diriger. Les chevaux quittèrent la piste et il ne put retrouver la route. Ils faillirent heurter la constellation du Cancer. Phaéton était terrorisé. En voyant défiler la terre tout en bas, il fut pris de vertige.
La Grande Ourse, le Bouvier, le Serpent, les constellations s'échauffèrent tandis qu'en bas tout s'immobilisait dans le gel. La terre se recouvrait d'une couche de glace.
Quand il passa à proximité du Scorpion, épouvanté, il lâcha les rênes. Rien ne retint plus les chevaux. Il ne pouvait même pas les calmer en les nommant, il ne connaissait pas leur nom. L'attelage allait au hasard, tantôt vers les sommets, tantôt vers les vallées.
Les montagnes prenaient feu : les forêts, les récoltes dans les champs, les bêtes mouraient, la terre se desséchait et se crevassait. Les incendies ravageaient des cités entières.
Sources et rivières s'évaporaient. Les fleuves étaient asséchés. Même la mer faisait place à d'énormes rivages de sable aride. L'univers était en feu.
Phaéton était comme dans une fournaise. Il ne souhaitait plus qu'une chose : que cela finisse.

La Terre elle aussi ne pouvait en supporter davantage. Sur le point d'être anéantie elle s'adressa à Jupiter en un cri déchirant :
-- Ai-je mérité de périr, moi qui procure la nourriture aux troupeaux et les récoltes aux humains? Si tu ne fais rien, roi des dieux, le monde entier sera détruit et l'univers va retourner au Chaos.
Ayant entendu, Zeus (Jupiter)convoqua les dieux et Hélios lui-même, et il les prit à témoins : -- Il est urgent d'intervenir!
Du haut du ciel il lança son foudre sur le jeune homme. Les chevaux affolés bondirent dans tous les sens, brisant le char. Foudroyé, Phaéton tomba la tête en bas en traçant une traînée lumineuse jusque dans le fleuve Eridan.

Son corps consumé fut recueilli par ses soeurs, les Héliades. Elles pleurèrent sur son tombeau, bientôt rejointes par Clymène, la mère de Phaéton. Tant elles restèrent là qu'elles prirent racine et se transformèrent en arbres...mais ceci est une autre histoire.
Quant à Hélios, fou de douleur, il avait voilé son visage et s'était caché. Pendant plusieurs jours on ne vit pas la lumière du soleil, seuls les feux des incendies éclairaient le monde. Enfin, à la prière de Zeus, il rassembla les chevaux et il reprit sa tâche de pourvoyeur de la lumière et de la vie.